FAUT-IL APPRENDRE A DESOBEIR ?

 

 

Au début de sa toute dernière œuvre intitulé « Les Lois », Platon définissait l’éducation comme « l’acquisition première, par les enfants, de la valeur morale ». Le sujet que nous abordons ce soir nous invite à examiner si la désobéissance peut faire partie de cette valeur morale. Faut-il apprendre à désobéir ?

 

J’ai bien conscience du caractère incongru et paradoxal de cette question. Personne ne peut admettre en effet que la finalité de l’éducation puisse être de nous pousser ou de nos entraîner à la désobéissance, sans avoir de très fortes raisons pour justifier ce qui semble un paradoxe. Spontanément, on sera plutôt de l’avis d’Eric Weil lorsqu’il déclare, dans son livre « Philosophie Politique » : « Ce que l’éducateur veut former, c’est un individu qui dans ses actions, tienne compte de ce que la communauté, par ses mœurs, règles et lois, définit comme son intérêt ou son bien ». Eduquer l’homme, pour Weil et aussi pour le plus grand nombre d’entre nous, cela signifie inculquer le respect des lois, le sens de l’intérêt général. Cela veut dire, par conséquent : apprendre l’obéissance. Celle-ci est en effet la forme la plus évidente du respect de la loi, alors qu’au contraire, la désobéissance est la forme la plus claire de son rejet, de son mépris, au profit d’un intérêt ou d’une passion purement privés.

 

Tout serait donc déjà dit, sur le sujet, s’il n’existait qu’une seule façon possible d’obéir, et symétriquement, qu’une seule manière de désobéir. Or justement, ce n’est pas le cas. On peut définir l’obéissance en généra comme « la soumission à un pouvoir légitime ou qu’on juge tel ». C’est la définition du dictionnaire philosophique rédigé par Comte-Sponville. Mais il n’est pas indifférent que cette soumission soit réfléchie plutôt qu’aveugle, ou qu’elle soit obtenue par le consentement plutôt que par la force. Exécuter les ordres d’un être humain, fût-il regardé comme un chef vénérable, sans penser, sans juger, sans réfléchir aux conséquences éventuelles de ce qu’il nous demande de faire est une chose, juger avant d’obéir en est une autre. De même, examiner la valeur et la justesse des lois avant de nous y soumettre, ou au contraire négliger cet examen, font deux manières très différentes de se conduire. Il y a donc obéir et obéir. De même, il serait grotesque de ranger dans la même catégorie de faits la délinquance du malfrat, la désobéissance de l’enfant indiscipliné et paresseux, et l’insoumission de Lech Walesa lorsqu’il créa le syndicat Solidarité, bravant par là même la loi du « régime ». La désobéissance peut parfois être « un essai de liberté et un essai de courage », dit Alain. Le philosophe ajoute : « C’est pourquoi il faut la regarder avec amitié. Elle n’est blâmable qu’autant qu’elle est paresseuse et lâche ; et il faut avouer que c’est l’obéissance qui est le plus souvent paresseuse et lâche ». Voilà des raisons de reconnaître à notre question initiale, même si elle est paradoxale, une certaine légitimité.

 

Il y a une autre difficulté préalable : la désobéissance fait-elle partie des choses qui s’apprennent ou peuvent s’apprendre, comme l’anglais, les mathématiques, l’art de raisonner, ou des choses qui ne s’apprennent pas, parce qu’elles sont naturelles, comme la douleur, la fatigue, le plaisir ou l’intelligence elle-même. En d’autres termes, l’expression « apprendre à désobéir » a-t-elle réellement un sens.

 

Le problème est le suivant : on ne peut rien apprendre qu’en se soumettant aux conseils d’un maître, ou qu’en se pliant à des règles. C’est ainsi que nous avons appris à lire, à nager, à écrire, etc. Il faut donc obéir pour apprendre. Mais comment obéir pour apprendre à désobéir ? Il est bien clair que donner pour consigne à l’enfant : « désobéis », c’est lui communiquer un ordre impraticable qui aura pour effet de l’enfermer dans ce que les psychiatres nomment « double contrainte ». Ce sera le rendre fou. S’il obéit à cet ordre, il lui désobéit ! et s’il lui désobéit, il lui obéit ! contradiction insoluble. Par ailleurs, l’obéissance, par principe, suppose une discipline, une formation, ce qui ne semble pas être le cas de la désobéissance, si l’on admet qu’elle n’est qu’indiscipline. J’ai eu la curiosité de consulter le « dictionnaire historique de la langue française » sur l’étymologie du verbe obéir. Voici ce qu’on peut y lire : obéir serait formé du préfixe latin « ob » qui signifie devant et du verbe « audire » qui veut dire écouter. Selon l’étymologie, obéir, c’est donc d’abord prêter l’oreille au propos de quelqu’un qui est « devant », c’est l’écouter. Or écouter n’est ni naturel, ni spontané. Rappelons que de Victor l’enfant sauvage, privé d’éducation, le docteur Itard pouvait dire : « il voit sans regarder, il entend sans écouter ».

 

Pourtant, il n’est pas douteux en un certain sens que la désobéissance s’apprend. Elle s’apprend d’abord mal, par un enseignement indirect. Il y a des maîtres de désobéissance, et des maîtres en désobéissance. Le plus célèbre de ces maîtres n’est autre que le Dieu de la bible, aidé par la voix du serpent, c’est-à-dire par les « passions ». Il lui a suffi de formuler un interdit – tu ne mangeras pas du fruit de cet arbre -  pour que la première désobéissance soit possible et ipso facto réelle. Selon Rousseau, l’éducateur autoritaire joue vis-à-vis de l’enfant le rôle de Dieu vis-à-vis du premier homme. Il formule lui aussi des commandements explicites qui aux yeux de l’enfant traduisent des désirs d’adulte. Dès lors de deux choses l’une : ou l’enfant se soumet, ou il se rebelle. S’il prend l’habitude d’obéir inconditionnellement à l’adulte, il sera plus tard prédisposé à se soumettre aux volonté d’autrui sans réfléchir, il sera disposé à se soumettre à tous les arbitraires. Si, en revanche, il oppose ses propres désirs à ce qu’il perçoit comme un désir particulier de l’adulte, ce sera l’affrontement direct ou indirect. Il aura appris à mal obéir comme à mal désobéir. Permettez moi de citer ici Jean-Jacques Rousseau : « En essayant de persuader à vos élèves le devoir de l’obéissance, vous joignez à cette prétendue persuasion la force et les menaces, ou, qui pis est, la flatterie et les promesses. Ainsi donc, amorcés par l’intérêt ou contraints par la force, ils font semblant d’être convaincus par la raison. Ils voient très bien que l’obéissance leur est avantageuse et la rébellion nuisible aussitôt que vous vous apercevez de l’une et de l’autre. Mais comme vous n’exigez rien d’eux qui ne leur soit désagréable, et qu’il est toujours pénible de faire les volontés d’autrui, ils se cachent pour faire les leurs, persuadés qu’ils font bien si l’on ignore leur désobéissance, mais prêts à convenir qu’ils font mal s’ils sont découverts, de crainte d’un plus grand mal ». Cercle vicieux. Il est clair qu’une éducation totalement « permissive » est une contradiction dans les termes. Eduquer, par hypothèse, c’est ne pas tout permettre, c’est formuler des ordres, revendiquer une autorité. Mais imposer des règles, des limites, que l’on va  ensuite sanctionner par la punition, c’est inviter l’enfant à la désobéissance sournoise. Ou à la soumission perverse.

 

Cette analyse, pourtant, n’a pas un résultat négligeable. Elle établit en effet une liaison dialectique, pour employer un peu le jargon des philosophes, entre l’apprentissage de la désobéissance et celui de l’obéissance. Il est sans doute vrai que l’enfant apprend d’abord à désobéir par crainte de la punition, par désir de plaire, et qu’il veut cacher ou dissimuler sa désobéissance. Mais l’homme n’est pas voué à une enfance éternelle. La réflexion et la raison se développent en lui. En devenant raisonnable, il apprend à obéir et à désobéir autrement. Notamment, il apprend à respecter la règle générale, collective, impersonnelle, bien plus que les ordres d’un maître qui peuvent être en contradiction avec cette règle. L’homme qui apprend à bien obéir est celui-là même qui apprend à bien désobéir.

 

Ces remarques nous conduisent à la question essentielle : la désobéissance est-elle en soi une valeur, ou peut-elle avoir une valeur, au point de devoir être apprise ? Comprenons bien que les deux questions n’ont pas tout à fait le même sens ni la même portée.

 

Si je dis que la désobéissance est en soi, en tant que telle, une valeur, je pose en principe que la soumission aux autorités, légitimes ou non, et aux lois formulées par ces autorités, est une aliénation, une négation radicale de la liberté qui fait notre être. Apprendre à désobéir serait alors indispensable pour réaliser notre humanité, pour nous affirmer en tant que sujets libres. Il s’agirait de s’émanciper de toute subordination, de toute règle extérieure, de n’avoir en définitive ni Dieu, ni Maître. « De bon maître, disait Brecht, il n’y en aura que quand chacun sera le sien ». Ce idéal, cependant, n’a guère de sens, pour sympathique qu’il soit. L’homme est un animal politique, un être qui ne peut réaliser son essence dans l’isolement. Le je suis est d’abord un « nous sommes ». Aristote va jusqu’à dire qu’un homme qui par nature et non par accident serait privé de cité serait soit une bête, soit un dieu. Or pour réaliser sa vocation à la vie politique, l’homme doit quitter ce que Kant appelle l’état de « sauvagerie ». Il doit se soumettre au droit, à la loi. La soumission au droit est à la racine de la vie en société. Il faut nécessairement apprendre à obéir à la loi pour devenir citoyen. Mais cette obéissance fait-elle de nous des esclaves ? Il me semble, en accord sur ce point avec un certain nombre de philosophes classiques, qu’il n’en est rien, au moins en principe. Ecoutons Spinoza : « Le but et le principe de l’organisation en société consistent à soustraire les hommes au règne absurde de la convoitise et à les faire avancer autant que possible sur la voie de la raison de sorte que leur vie s’écoule dans la concorde et dans la paix. Or les sujets devront exécuter les ordres reçus et ne reconnaître d’autre droit que celui qui est établi par les proclamations de la souveraine puissance. Mais peut-être ainsi faisons-nous des sujets de esclaves, car une opinion vulgairement répandue nomme esclave celui qui agit sur l’ordre d’un autre, et homme libre celui qui se conduit comme il veut. Cette manière de voir, cependant, n’est pas tout à fait conforme à la vérité. En fait l’individu captif de son plaisir au point de ne plus rien voir ni faire de ce qu’exige son intérêt authentique est soumis au pire des esclavages. Au contraire, on devra proclamer libre l’individu qui choisit volontairement de guider sa vie sur la raison ». La pensée de Spinoza est très claire : a) on ne peut pas mener de vie sensée en dehors d’un Etat. b) cette vie sensée suppose l’observance des lois. c) cette observance signifie que nous faisons le choix de guider notre vie sur la raison. d) au contraire, refuser cette observance, ne suivre que ses désirs, c’est être esclave ou se vouer à une forme d’esclavage.   

 

Mais si la désobéissance peut difficilement être tenue pour une valeur en soi, il n’est pas exclu qu’elle puisse avoir, sous certaines conditions et dans certaines circonstances données, de la valeur, et à ce titre, être une conduite à laquelle on doit se préparer. D’abord, il importe, nous l’avons déjà dit et nous le redirons, de ne pas obéir aveuglément. Il faut oser penser, il faut oser juger, il faut oser discuter, et cela veut dire contester dans son principe même l’autorité, qui tend toujours à se prétendre absolue et infaillible. Ensuite toute désobéissance n’est pas réductible au triomphe du caprice ou de l’intérêt privé, à l’éclipse de la raison, à la faiblesse, à l’incapacité de se discipliner. Il y a une désobéissance porteuse de la valeur, de l’universel, et finalement du bien. C’est elle qui doit être apprise.

 

Cela nous conduit à la raison profonde du problème que nous avons posé. L’homme vit effectivement au sein d’une société dans laquelle il y a un pouvoir politique séparé, et un système de lois auxquels il doit obéir. Mas l’homme est aussi un être qui a une idée du bien, une idée du juste, une conscience morale. Il n’est donc pas simplement en rapport avec une autorité extérieure, il est en face de sa propre conviction morale. Or il peut y avoir un conflit entre les lois de l’Etat et cette conviction morale. C’est alors que se pose à l’homme la question fondamentale de son obéissance ou de sa désobéissance. Pensons à Antigone, pensons à Socrate. Socrate ne désobéit à la cité que dans deux circonstances. La première fois quand les tyrans d’Athènes lui donnent l’ordre de conduire Léon de Salamine en prison. La seconde fois quand la cité prétend lui interdire de mener son activité philosophique de questionnement et de discussion avec ses concitoyens sur la place publique. Mais le même Socrate refuse la proposition qui lui est faite par son disciple Criton de s’évader de la prison où il sera exécuté. Le principe suprême des décisions de Socrate est de demeurer dans ses actes en accord avec soi, en accord avec l’idée qu’il se fait du juste et du bien. Ainsi, il refuse de céder sur sa conviction qu’une vie sans examen intérieur, ou si vous préférez, sans examen de l’âme, est une vie qui ne vaut pas la peine d’être vécue. L’accord avec soi est supérieur à l’accord avec la cité. Mais Socrate ne renonce pas pour autant à l’accord avec la cité. Il agit en fonction d’un bien qu’il juge universel et par conséquent valable pour tous, valable pour la cité elle-même.

 

Pour illustrer la pensée Socratique, je me réfèrerai à un film récent – Welcome – qui nous a appris que le seul fait de venir en aide à de pauvres immigrants constituait un manquement à la loi qui, comme tel pouvait être sanctionné, alors même qu’il existe un devoir universel d’hospitalité. Supposons que le héros du film interprété par Vincent Lindon, n’eût pas désobéi à la loi pour des motifs d’ordre privé, mais uniquement parce qu’il jugeait en conscience a loi positive indigne et injuste : nous serions en présence de ce qu’on nomme désobéissance civile, désobéissance qu’il faut distinguer de la délinquance ordinaire, est-il besoin de le redire, en ce que le sujet qui l’assume en revendique la publicité et accepte la sanction qu’elle lui fait encourir. La désobéissance civile n’est pas une simple négation de la loi. Elle est le courage de vouloir substituer à la loi existante une loi plus juste, plus universelle. Elle ne refuse pas l’Etat en tant que tel, puisqu’elle accepte la sanction. Elle est l’affirmation publique et non sans risque de la conscience morale. Le philosophe américain H D Thoreau, scandalisé par la chasse aux esclaves échappés que l’on pratiquait alors dans l’Union, a parfaitement dit cette dimension morale de la désobéissance civile. « Le citoyen doit-il jamais le moindrement, ne serait-ce que pour un instant, remettre sa conscience aux mains du législateur ? Pourquoi donc chaque homme serait-il doté d’une conscience ? Je pense que nous devons avant tout être homme et seulement ensuite sujet. Il n’est pas souhaitable de développer pour la loi une respect qui soit aussi fort que celui que l’on voue au Bien. La seule obligation qui m’incombe consiste à agir en tout moment en conformité avec l’idée que je me fais du bien ». L’accord avec soi-même, avec sa conviction morale, est donc pour ce philosophe comme pour Socrate, plus important que l’accord avec la cité. Plus important que la cité elle-même. « Face à un gouvernement tyrannique qui promulgue des lois injustes, notre devoir est celui de résister, de refuser de s’associer à l’ignominie en désobéissant aux lois qu’il promulgue ». A cela, toutefois, certains penseurs – par exemple Hobbes ou même Kant – objecteront qu’en voulant être en accord avec sa conscience, on risque d’introduire dans la cité un désordre plus dommageable encore que celui qui est créé par la loi injuste, notamment en sapant la base de tout contrat social, à savoir l’engagement solennel de respecter la loi. Le droit de la subjectivité – affirmer son bien – risque de détruire l’objectivité même de l’Etat, laquelle est aussi un bien.

 

Quant au danger de l’obéissance aveugle, il est illustré par un autre film – La Vague – dont l’un des propos est de mettre en scène les ravages que crée le besoin d’obéissance, lorsqu’il est stimulé par le désir de faire partie d’une communauté soudée par son allégeance à quelques symboles et à l’autorité charismatique d’un « chef » auquel personne ne paraît résister sinon une jeune fille. L’allusion à des régimes totalitaires récents n’est nullement fortuite, elle est volontaire. Ce qui est montré ici, c’est l’importance de la lucidité critique pour la résistance au tyran. Il faut résister au pouvoir, et face à lui, se disposer intérieurement à la possibilité de la désobéissance. C’est que « le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument ». Kant, dans un des textes qu’il consacre a problème politique, a parfaitement résumé la difficulté. Il nous explique que « l’homme est un animal qui à partir du moment où il vit parmi ses semblables a besoin d’un maître qui le force a tenir compte des lois ». Mais ce maître est lui-même un homme, il a donc lui aussi besoin d’un maître. Il est donc très dangereux, selon Kant, d’être dirigé par un chef sans maître, c’est-à-dire par un chef auquel personne ne résiste. Selon Simone Weil, « toute collectivité régie par un chef souverain qui n’est comptable à personne est entre les mains d’un malade ».

 

Il y aurait sans doute encore beaucoup à dire. Je me bornerai à poser une question avant de vous laisser la parole pour le débat : quels progrès moraux l’humanité eût-elle pu faire sans la désobéissance de quelques héros ou de quelques justes ? serait la liberté de conscience et de parole si personne n’avait osé contredire la loi qui la punissait ? Ce qu’on appelle l’émancipation du genre humain apparaît de l’extérieur comme une suite ininterrompue de révoltes qui se dépassent et tentent de s’inscrire dans la loi. Mais pour que cette inscription ait lieu, il a fallu d’abord désobéir à la loi antérieure.

 

Conclusion.

 

Pour conclure, un texte d’Alain. « Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l’obéissance, il assure l’ordre ; par la résistance il assure la liberté. Et il est bien clair que l’ordre et la liberté ne sont point séparables, car le jeu des forces, c’est-à-dire la guerre privée à toute minute, n’enferme aucune liberté. Obéir en résistant, c’est tout le secret. Ce qui détruit l’obéissance est anarchie; ce qui détruit la résistance est tyrannie».  

 

Claude Ménard

Jeudi 28 mai 2009

 

 

 

 

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