Ai-je besoin de vérité pour vivre ?

 

 

Bonsoir. Le propos de ce soir concerne la vérité; ce concept est vaste et assez fuyant dans son extension tentaculaire et il est bien difficile de s’y retrouver.

Il faudra donc définir précisément la vérité ; de plus, mon propos prétend répondre à deux questions en une seule, comme l’avait montrée mon indécision quant au choix de la formulation  lors de l’annonce qui en avait été faite. Ai-je besoin de vérité pour vivre ? Mais derrière cette question, je vise à répondre avant tout à la question suivante : l’homme a-t-il le besoin de connaître la vérité ? est-il vrai que l’homme désire fortement connaître la vérité ?

 

I  - Mais d’abord, qu’est-ce que la vérité ? et peut-elle prétendre répondre à un besoin ?

Le mot vérité en philosophie peut s’entendre en bien des sens selon l’angle philosophique et, pour faire  simple, je prendrai la définition de la vérité au sens scolastique et volontairement dépouillé de toute référence doctrinale. Le sens scolastique du mot vérité s’énonce ainsi : 

accord / adéquation / concordance   entre l’objet / la chose   et   le discours (l’esprit qui juge)

C’est donc l’accord entre le réel et le discours : si je dis « l’herbe est verte » ou bien « il y a une caméra en face de moi », alors mon discours est en accord avec ce qui est –le réel- et alors il y a vérité. Pour commencer, nous dirons que la vérité réside ici dans un jugement et une parole juste sur la réalité qui nous entoure. La vérité n’est que la relation établie par l’homme entre un objet et un jugement sur cet objet et le vrai et le faux ne sont que des propriétés du discours et du raisonnement  

Cela implique que le vrai n’est pas le réel : un arbre, une chaise ne sont ni vrais, ni faux ; ils existent ou non, c’est tout ce que l’on peut dire (à moins d’entamer une étude scientifique sur eux). Souvent le langage courant confond le vrai et le réel : on dit « c’est réel, donc c’est vrai » mais ceci est un abus de langage. La vérité a lieu quand l’homme parle et parce qu’il parle !!! sinon il n’y a pas de vérité : pas de vérité chez les animaux, pas de vérité dans la nature … Là, il n’y a que du réel.

 

[Petit rappel peut-être inutile mais qui vise à bien cadrer le concept : il y a plusieurs types de vérité en fonction des objets dont on parle et de la place que s’accorde le sujet au sein du discours.

Il y a d’abord les vérités subjectives : je souffre / j’ai froid / je suis amoureuse / j’aime Baudelaire / je n’ai pas aimé tel film …etc. Ces vérités sont des vérités subjectives si le sujet qui dit « je » est en accord avec ce qu’il énonce. Et il n’y a que là que l’on peut admettre de dire « à chacun sa vérité » mais cela ne concerne que soi, son intimité, son affectivité, ses goûts personnels …

Il y a aussi les vérités objectives : 2+2 = 4 / Louis XVI est mort décapité le 21 janvier 1793 / la loi de l’offre et de la demande est une des grandes lois économiques / les Chrétiens croient en Jésus-Christ / Newton a découvert le principe de l’ attraction terrestre et de la gravitation universelle …etc.

Ici, il ne s’agit plus de « à chacun sa vérité ». Ce sont des vérités objectives parce qu’elles concernent un objet précis –extérieur à moi-  que je dois accepter de voir tel qu’il est  même si cela ne me plaît pas !

Et pour prendre toutes les précautions qui s’imposent, distinguons le domaine de la vérité du domaine des valeurs : la vérité n’a pas grand chose à voir avec les valeurs … Est vrai ce qui est conforme au réel –dans le discours- et non ce qui est bon, juste ou moral … Un débat sur l’euthanasie ou la peine de mort ne concerne pas le vrai ou le faux mais ce qu’il convient de juger bon ou mauvais afin de pouvoir agir.]

 

II -  Suite à ces préliminaires concernant le concept de vérité, revenons donc au sujet.

Ai-je besoin de vérité pour vivre ? Bien sûr, j’ai besoin de connaissances sur le monde qui m’ entoure pour le comprendre et ne pas dire de bêtises : la Mongolie n’est pas un pays d’Amérique du Sud et Champollion n’est pas un grand crû bordelais ! Mais l’on peut soutenir avec Simone Weil qu’il faut faire une distinction entre connaissance et vérité … Avoir des connaissances (sur la géographie, les sciences naturelles, l’histoire ou la littérature …), ce n’est pas nécessairement posséder la vérité … En effet, Simone Weil nous invite à penser que l’apprentissage de connaissances ne fait en aucun cas approcher de la vérité : « Si à un certain moment, un enfant ignore quelle est la capitale du Brésil, et si au moment suivant il l’apprend, il a une connaissance de plus. Mais il n’est aucunement plus proche de la vérité qu’auparavant.»  Ici, Simone Weil veut nous faire entendre que l’accès à la connaissance ne suffit pas pour pouvoir prétendre connaître la vérité et pour cela elle fait une distinction conceptuelle étonnante : la connaissance, pour elle, n’est pas la vérité car la connaissance se réfère au savoir constitué (un savoir objectif qui ne me concerne pas forcément ) tandis que la vérité se rapporte à la connaissance qui me concerne : « l’acquisition des connaissances fait approcher de la vérité quand il s’agit de la connaissance de ce qu’on aime et en aucun autre cas. »

Alors de quoi ai-je besoin au fond ?  Ce dont j’ai besoin , c’est bien sûr que mon discours s’accorde au réel ou du moins aux signes conventionnels établis –le mot chaise pour désigner le siège où m’asseoir-  afin d’être compris par tous et ainsi agir et réagir au mieux au sein de la réalité sociale qui est la mienne … Mais est-ce seulement cela la vérité ? Et est-ce de cela dont j’ai besoin ?

Mon point de départ a été de m’interroger véritablement sur ces propos éculés de la part des élèves qui entament une copie de dissertation sur la vérité par : « tous les hommes recherchent la vérité … » / « de tous temps, l’homme a toujours cherché la vérité … » / « c’est un fait que tous les hommes désirent la vérité … » … etc. etc. …

Clichés répétitifs et agaçants d’autant qu’il est possible de démontrer qu’ils sonnent faux … Est-ce que vraiment l’homme désire la vérité en général ? n’a-t-il vraiment pour but noble et essentiel (au sens propre) que d’accéder à la vérité ?

 

Mais de quelle vérité parle-t-on ? dira-t-on ? Lisons Nietzsche …

 « Les hommes ne fuient pas tellement le fait d’être trompés que le fait de subir un dommage par la tromperie : au fond, à ce niveau, ils ne haïssent donc pas l’illusion mais les conséquences fâcheuses et hostiles de certaines sortes d’illusion.

C’est dans un sens aussi restreint que l’homme veut seulement la vérité :

             -     il convoite les suites agréables de la vérité, celles qui conservent la vie

<![if !supportLists]>-         <![endif]>envers la connaissance pure et sans conséquences, l’homme est indifférent

<![if !supportLists]>-         <![endif]>envers les vérités préjudiciables et destructrices, il est là par contre hostilement disposé. »

                      

                             Friedrich  NIETZSCHE , « Introduction théorétique sur la vérité et le mensonge au sens extra-moral »  in  Le livre du philosophe(1873)

 

 Ici, Nietzsche nous montre que le rapport de l’homme a la vérité est fort complexe et loin d’être univoque et désintéressé ; en effet, il y a trois manières pour l’homme de se rapporter à la vérité :

 

* Premier rapport de l’homme à la vérité :  «  l’homme convoite les suites agréables de la vérité, celles qui conservent la vie »

 

Ici, l’enjeu crucial pour Nietzsche est de montrer que le rapport de l’homme à la vérité n’est pas désintéressé … C’est un enjeu important car l’homme n’aime la vérité que si elle lui est agréable et qu’elle lui sert à vivre et si possible à VIVRE MIEUX.  Si la vérité a une valeur, ce n’est pas en tant que vérité mais en tant que discours pragmatique qui opère un bien au sein de la communauté ou même à mon seul profit. Bref, un discours qui m’est utile.

Quelles seraient concrètement ces vérités dont les « suites agréables » «  conservent la vie » ?

        les vérités qui permettent de s’entendre, de vivre, de communiquer (sens premier : accord du discours et du réel sinon on ne sait plus communiquer les uns avec les autres)

         les vérités pragmatiques qui servent à améliorer le quotidien : par ex. un article journalistique peut intéresser qui que ce soit par son contenu informatif (ex. : quel est le meilleur opérateur de téléphonie mobile en France à tous points de vue ?)

         les vérités affectives qui me touchent  (déclaration d’amour ou d’amitié/ reconnaissance professionnelle … etc.)

Les « bonnes » vérités qui intéressent les hommes selon Nietzsche sont donc les vérités qui m’apportent un profit, qui m’intéressent, qui me sont utiles. Alors là, oui, je désire ces vérités et j’en ai toujours besoin. Mais remarquons ici que la vérité subit un déplacement conceptuel qui la fait glisser du côté des valeurs (alors que l'on a dit que la vérité n'avait pas à voir avec les valeurs, le bien, le bon ou bien, le mal, le mauvais ...). La vérité ici en est une si elle est vue comme une valeur : vérité devient valeur alors ... parce que les hommes la font servir leurs intérêts.

 

 

*  Deuxième rapport de l’homme à la vérité  : «  envers la connaissance pure et sans conséquence il est indifférent »

 

Ici,  Nietzsche fait part d’une révélation qu’il faut garder à l’esprit pour ne pas être naïf  face à la vérité : au fond, les hommes n’ont que faire de la connaissance pour la connaissance … La connaissance « pure » (le savoir en soi/ les vérités théoriques/ les connaissances de la science ou des sciences non appliquées …) ne les intéresse pas !!! Les hommes n’ont PAS L’AMOUR DU SAVOIR : ils ne sont pas là non plus désintéressés … (pas d’intérêt, pas d’utilité = ils s’en fichent !). 

Quelles sont les sortes de vérités frappées de discrédit ou de désintérêt ?

 °les vérités abstraites de la science (la physique quantique/ les mathématiques « pures »/ les grandes lois de l’astrophysique par ex. ou de la géologie …)

 °les vérités de toute discipline qui n’a pas d’incidence directe sur ma vie ou mon quotidien (la géographie, l’histoire, l’économie … etc.; que le Pérou subisse une dévaluation de sa monnaie (j’invente !) ou que les chercheurs en physique quantique se passionnent pour la recherche du Boson de Higgs (pas là), au fond tout le monde s’en moque un peu … Tant que cela ne nous dérange pas …

 °toute vérité en dehors de mes affects ou de mes intérêts : que Machin, que je ne connais pas, trompe sa femme avec Trucmuche … peu m’importe, je ne vais même pas m’en indigner …

 °toute vérité en dehors de mon pouvoir … Si je sais qch mais que je ne peux rien en faire … alors cela ne peut pas m’intéresser grandement…

Donc les vérités générales, abstraites et concernant le pur domaine du savoir théorique ne touchent et n’émeuvent pas grand monde … selon Nietzsche. La personne qui n’est pas concernée par la vérité n’est pas TOUCHEE …  Ici, la vérité s'assimile à la connaissance (et Nietzsche n'instaure pas de distinction comme Simone Weil).

Certes, il y aurait alors des questions à poser ou des « critiques » possibles à émettre : certes, Nietzsche a en grande partie raison ; les gens qui aiment la connaissance pour la connaissance, qui aiment la « connaissance pure » ne sont pas la majorité. La plupart des gens aujourd’hui en rentrant du travail préfèrent les émissions dites de divertissement à un reportage sur le relèvement économique de la Bosnie-Herzégovine sur Arte !

Mais alors comment se fait-il qu’il existe quand même des véritables scientifiques ? des gens curieux  qui apprennent pour apprendre ? qui dévorent le savoir pour le plaisir de savoir ? Il y en a ! … Nous y reviendrons donc.

 

 

* Et enfin, troisième et dernier rapport de l’homme à la vérité :  « envers les vérités préjudiciables et destructrices, il est même hostilement disposé »

 

Dernier rapport de l’homme à la vérité qui montre que sa façon de se rapporter à elle  n’est PAS PURE.

L’homme en vient à détester les vérités qui font mal … qui dérangent. Il existe certes ici des vérités qui blessent :  dire « ses 4 vérités » à qqn peut ne pas être admis … Par ex. : la vérité sur un plan psychologique (tu es telle personne avec telles qualités et tel comportement … si le jugement est critique et dépréciateur, alors la personne peut ne pas vouloir entendre, même si c’est vrai !!!) ; la vérité sur un plan physique et/ou médical : si un médecin conseille à son patient un régime drastique, le patient peut soutenir qu’il sait mieux que quiconque ce qui lui convient … le mieux ; la vérité sur un plan affectif : si un ami me suggère que mon conjoint me trompe, je peux refuser d’admettre que cela est peut-être vrai et aller jusqu’à me brouiller avec cet ami …

Donc l’homme émet une COMDAMNATION envers les vérités qui le dérangent et va jusqu’à les frapper d’EXCLUSION.  C’est pour cela que l’homme peut en arriver à préférer une illusion qui le réconforte à une vérité qui dérange … Ici, la vérité prend la forme d'une blessure psychologique  que l'on peut vouloir refuser. L’homme démontre ainsi qu’au niveau psychologique, il ne cherche pas la vérité à tout prix.  Au contraire …

 

Et le texte de Gilles Deleuze sur ce plan est encore plus éloquent :

«  Je ne crois pas que l’homme ait naturellement un désir du vrai. Nous ne cherchons la vérité que quand nous sommes déterminés à le faire en fonction d’une situation concrète … (…)

C’est pourquoi le tort de la philosophie est de présupposer en nous (…) un amour naturel du vrai. Ainsi la philosophie ne parvient qu’à des vérités abstraites qui ne compromettent personne et ne bouleversent pas. »

                                                                   Gilles Deleuze , Proust et les signes (1998)

 

Qui cherche vraiment la vérité ? Pas grand monde … ou tout le monde en fonction de la définition qu’on lui donne. Si vérité égale connaissance pure, alors la vérité n’intéresse guère. Le Cogito de Descartes « je pense donc je suis », au fond, cela me fait une belle jambe ! Cela ne m’implique pas et me concerne si peu … La majorité des hommes ne cherchent pas à savoir pourquoi cette phrase est célèbre.

Par contre, si vérité  signifie  savoir personnel,  accès à une connaissance utile ou à une émotion propre qui me touche, alors oui là j’entre en relation avec la vérité.

 

 

III -  Alors de quoi avons-nous besoin pour vivre ? Avons-nous besoin de vérité ?

Apparemment, il n’est pas dans les priorités de l’homme de trouver la vérité : son bonheur, son bien-être ou son travail lui importent bien plus que la vérité et nous ne songeons pas à l’en blâmer. En tout cas, il nous faut abandonner l’idée d’un idéal de vérité (avec un grand V) inhérent à l’homme. La vérité comme concept transcendant l’homme, sublimant son existence au point qu’il est prêt à y sacrifier sa vie et son bonheur, au fond nous n’y croyons plus.

Pourtant, il ne faut pas dire que l’homme a renoncé à toute vérité : il faut juste admettre que l’homme choisit les vérités qui l’intéressent …

 D’une part, l’homme a besoin d’un minimum de connaissances pour vivre en société, sinon il prend le risque de l’inadaptation sociale. D’autre part, l’homme a certes besoin de vérité pour vivre mais il n’a qu’un besoin modéré de vérité. Et quelle(s) vérité(s) ? Au fil de notre exposé, le concept de vérité a bougé, a subi des mutations pour devenir moins vide et plus substantiel. D’abord la définition nous disait que la vérité était l’adéquation entre le discours et le réel ; définition fort conséquente mais fort générale pour signifier le besoin de connaissances des hommes sur leur environnement. Puis, peu à peu, nous voyons un autre sens se dégager du mot vérité : la vérité, c’est la connaissance qui intéresse les hommes, qui les touche, qui provoque en eux reconnaissance, appropriation, voire modification. Si la vérité me modifie, alors elle est vérité ; si elle ne me change pas, alors elle me reste extérieure et n’est pas reçue ni perçue comme « véritable » vérité, si l’on peut dire. Ainsi au fond, la vérité, c’est la vérité qui me touche, qui me sert, m’intéresse ou me modifie. En ai-je besoin pour vivre ? Bien sûr ! Un besoin et même une nécessité –nous dit Deleuze- surtout s’il ne m’est plus possible de continuer dans une vie mensongère ou inauthentique, selon l’exemple du jaloux trompé par son aimé(e). Ce besoin est soumis à beaucoup d'aléas car je peux aussi refuser des vérités qui blessent ... Donc ce besoin est un besoin fort égocentré … et peut-être même pauvre  somme toute …  Si nous n’avons qu’un rapport mondain ou personnel à la vérité, qu’est-ce qui fait de nous autre chose que des individus ne visant que leur propre intérêt ?  Si nous n’avons pas l’amour du savoir reçu et vécu comme vérité, alors quelle sorte de vie vivons-nous ? Car ici, la question posée un peu plus haut de savoir comment des individus peuvent désirer le savoir pour le savoir se repose …

 Si on admet que les hommes n’ont qu’un besoin modéré et utilitaire de la vérité, comment alors penser la recherche des savants qui cherchent la connaissance pour la connaissance  ? Qui sont les Einstein, les Galilée, les Platon, les Darwin, les Pierre et Marie Curie  et les autres ? Comment expliquer la persistance de la recherche pour la recherche chez les savants ou/et les philosophes ?  Quel statut donner à la curiosité pure ?

 

Ici, je ferai trois hypothèses d’inspiration nietzschéenne …

-         première hypothèse : la recherche du savoir pour le savoir n’est-elle pas un besoin nuisible ?ne va-t-elle pas au fond contre les forces de vie ? Galilée et Darwin, au lieu d’être des héros de la connaissance, ne seraient-ils pas habités en fait par une curiosité malsaine (« la curiosité est un vilain défaut »)  et la science ne serait-elle pas un désir morbide … Comment expliquer que Galilée risque sa vie pour faire admettre la vérité de l’héliocentrisme ? que Giordano Bruno y laisse la sienne en 1600 ? Leur recherche de la vérité n’est-elle pas tout simplement mortifère ? Si tout vivant préfère l’illusion à la vérité, alors la science n’est-elle pas résolument opposée aux forces de vie ? le désir de vérité à tout prix ne va-t-il pas contre nos besoins fondamentaux ? Le monde n'est-il pas plus viable sans les vérités de science qui le désenchantent ? C’était la première hypothèse !

 

-         deuxième hypothèse : peut-être que, pour les hommes de science et les chercheurs, la vérité objective (et non pas seulement référée à leur personne et leur psychologie) leur est un besoin ? En ce cas, les grands savants (Copernic/ Newton / Hubert Reeves …) ne font que ce qu’ils aiment ; on peut alors douter qu’il y ait là un désir de vérité … pour la vérité. Comme n’importe qui, ils ne font qu’aller aux vérités qui leur plaisent et alors ils négligent les vérités fondamentales ; on peut douter de l’authenticité de leur recherche de la vérité (ils négligent d’autres savoirs … et comme n’importe qui ils négligent les vérités qui leur déplaisent …/ un grand mathématicien ne fait que préfèrer les mathématiques à la géographie …etc.)  C’était la deuxième hypothèse.

 

-         et dernière hypothèse, les savants ne sont-ils pas au contraire de grands hommes parce qu’ils ont un rapport spécifique et étroit avec la vérité en général et dans toute son extension ? Certaines personnes, plutôt rares il est vrai, ont une capacité exceptionnelle à la vérité et, pour elles, la vérité est la valeur suprême. Les grands savants et les chercheurs sont peut-être des singularités pures ; ces personnes ne privilégient pas l’intérêt sur la vérité mais estiment que la vérité a un intérêt en soi. Ils sont aussi suffisamment authentiques et grands pour affronter les vérités qui font mal …  Ne sont-ils pas des êtres rares qui eux vivent une existence accomplie au sens aristotélicien ?

Venons en à la conclusion …

Dans ce cas, et nous tous alors, quel rapport avons-nous à la vérité ? Pour peu que nous ne recherchions pas la vérité de toute notre âme, sommes-nous  des êtres limités ? Nous faut-il des vérités pour vivre ou vivre pour la vérité ? Par rapport à ces savants, à ces quêteurs de savoir et de vérité, sommes-nous plus conscients de nos besoins, plus en rapport avec la vie, en un mot plus vivants ou avons-nous une vitalité ou une vie inférieure ?  Où nous situons-nous ?

 

 

Christine KISCHEL

Jeudi 19 avril 2006

 

 

 

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